« La vie est trop coute pour que l'on se dispute »
Baden-Powell
Encore une heure à tenir. Une heure, une minuscule heure avant d'aller en cours de langues. Une heure, on peut se dire que c'est misérable. Mais pour Peter, c'est loin d'être misérable. Chaque temps de perdu l'est définitivement et aucun moyen de retour n'est possible. Or le jeune vampire n'apprécie pas perdre son temps. C'est pourquoi, il était dans sa chambre, à attendre que les minutes passent, les unes après les autres. Lentement telle une symphonie digne d'un grand opéra italien. Heureusement, tout pouvait l'aider à se divertir, mais rien ne l'attirait. Lire ? Oui, mais lequel puisqu'il n'avait aucun livre à lire actuellement. Écouter de la musique ? Il avait déjà un casque sur les oreilles. Alors, pourquoi ne pas allumer la télévision ? Pas de chaines correctes à cette heure. Seules des émissions d'une débilité sans failles passaient. Aller sur l'ordinateur portable ? Il venait de le quitter afin de faire une autre activité. Alors, dans ce cas, pourquoi pas jouer aux cartes avec l'autre personne présente dans la pièce ? Non, non et non. Le colocataire de Peter était, comment dire, quelque peu différent des idéologies de celui-ci. Ils se querellaient souvent pour un chichi mais en même temps s'appréciaient plutôt bien. Ils tissaient donc une relation plutôt ambigüe que personne n'arrivait très bien à cerner. En plus, pour compléter la panoplie, la dite personne était en train de lire une fameuse pièce de théâtre … Peter adorait le théâtre. « La liberté de devenir quelqu'un d'autre pendant un laps de temps défini dans lequel le personnage prend le dessus sur la personne. ». Quelque chose d'exceptionnel. Mais comme « l'autre » lisait ou du moins faisait semblant de lire, Peter ne pouvait rien faire d'autres que d'écouter la musique en attendant les minutes passer. Il aurait également pu aller dans une salle avec d'autres vampires mais il n'en avait pas l'envie, là il était flemmard. Il s'amusa donc à regarder la pièce dans laquelle il « vivait ».
Avant c'était simple et beau comme la personnalité de Peter. Sobre et élégant, comme Peter. Seuls quelques objets venaient troubler la sérénité et l'ambiance de la pièce. Or maintenant, ce n'était plus du tout « sobre et élégant ». Le colocataire de Saphir Amadiendir avait trouvé le moyen de détruire toute la pièce en peu de temps. Au départ, tout se passait bien, rien n'avait changé. Mais le jour où Peter lui conseilla
fortement de ne pas toucher à la décoration, là ce fut un drame. En très peu de temps, la pièce perdit sa classe d'antan et devint un peu un lieu de débauche. Des posters dans tous les coins de personnes montrant leurs corps. Des hommes bien entendu puisque notre cher Saphir « appréciait » les hommes, enfin d'après ce que sait Peter. Mais quand on dit beaucoup, c'est vraiment beaucoup. Le jeune homme avait même trouvé le moyen d'en mettre un juste au dessus d'un des seuls objets de décoration de Peter : le cadre avec la photographie de la ville de San Francisco. Mis à part cela, quelques meubles avaient fait leur apparition miraculeusement dans la pièce avec l'arrivée du première année. Ce qui avait le plus outré Peter, c'était le fait que sa feuille dans la salle de bain ait été enlevé. Pour rien au monde il ne souhaitait qu'elle ne soit enlevée mais comme il ne sait pas où elle est passée, il ne peut la récupérer. D'ailleurs, c'est souvent l'objet d'une petite discussion mouvementée entre les deux colocataires. Mais bon, Peter savait qu'il devait supporter cette personne entre une année et après « Tchao ». Bien heureusement que tout cela allait se terminer parce que autrement, il ne pensait pas tenir plus. La vie en collocation était déjà assez dure comme cela, alors si en plus vous rajoutez un idiot dans le genre de Saphir qui en plus est un premier année …
Avant son arrivée, Peter était très bien. Il pouvait faire ce qu'il souhaitait dans cette chambre sans se préoccuper de son homologue. Il pouvait inviter du monde pour faire quelques discussions ou encore inviter des filles pour « s'amuser ». Mais désormais, tout cela devenait plus compliqué. Il ne se gênait pas pour le faire déguerpir de la chambre puisque c'était avant tout sa chambre. Cependant, Saphir opposait de plus en plus de résistance. Tout ce qui restait, c'était que le jeune homme ne savait toujours pas quoi faire. Mis à part écouter la musique, il ne trouvait pas ce qu'il pouvait actuellement faire. Il se décida donc pour aller prendre une douche avant de se rendre en cours d'espagnol. Mis à part cela pour occuper son temps, rien ne lui permettait de s'occuper. Et puis faire la discussion avec Saphir … cela ne l'intéressait pas tellement. Il se leva donc de son lit pour mettre ses pieds nus sur la moquette grise. Il quitta son casque et le déposa sur son lit tout en regardant de plus près quelle pièce de théâtre lisait le jeune homme. D'où il était, il n'arrivait cependant pas à lire. Il alla donc jusqu'à une armoire et prit les affaires qu'il lui fallait. Un jean, un marcel blanc et puis des sous vêtements. Il se déplaça dans la salle de bain et referma la porte sur lui. En fermant la porte, il vit le poster habituellement du première année. Il n'y fit pas attention et déposa les affaires qu'il avait sur un petit meuble. Il n'essayait plus de fermer la porte à clef puisqu'il n'y avait pas de clé. Il se déshabilla donc et se mit en quête de se laver. Pendant qu'il faisait cela, il se demanda ce qu'ils feraient en espagnol le soir même. Il ne savait pas trop s'ils allaient continuer l'étude des villes espagnoles ou s'ils allaient commencer une nouvelle chose. Tout ce qu'il espérait, c'était de commencer un nouveau sujet parce qu'étudier la cartographie des villes hispaniques n'était pas très intéressant.
Une fois la douche prise, il se rhabilla et commença à se raser. Il n'aimait pas avoir le poil trop long comme il n'aimait pas trop non plus l'avoir complètement rasé. Puis il se parfuma un petit peu et prit le temps de se coiffer consciencieusement. Une fois tout ceci fait, il ressortit de la chambre et s'étala furieusement contre son lit, en prenant le soin au préalable d'enlever le casque. Il prit son portable sur son chevet et commença à jouer à un jeu dessus. Dans un même temps, il s'adressa à Saphir qui était toujours dans la pièce.
« Je te le redis, mais tu aurais pu laisser ma feuille dans la salle de bain ! Franchement... Et puis de toute façon, tu l'as mise où ? Tu l'as jetée ou tu l'as gardée ? Dis-moi ! »